BONJOUR, BONJOUR !
Il est important pour moi d'en parler chaque année, car cela me permet de poser des mots sur cette deuxième année que j'ai vécue sans lui. Afin de faire le bilan sur ma reconstruction physique et mentale. C'est également aussi une manière pour moi d'essayer d'aider les personnes qui ont perdu un être très cher comme moi.
Car ça fait déjà deux ans qu'il est parti et pourtant j'ai comme la sensation qu'il est parti il y a quelques mois seulement. Il faut tellement dire qu'il est tellement présent dans mon quotidien que j'ai l'impression qu'il ne m'a jamais réellement quittée. Je me souviens de mon article que je vous avez écrit il y a un an tout juste où je vous partageais mon année de douleur sans lui.
Aujourd'hui, je ressens beaucoup moins de colère en moi et j'en souffre moins car cette année j'ai appris à prendre du temps pour moi. Cela ne veut pas dire que je ne souffre plus de son départ bien au contraire il m'arrive encore de le pleurer tard le soir, seule dans ma chambre parce qu'il me manque.
Durant mes articles précédents, je vous disais que je m'étais rapprochée de la famille de Benoît. C'est la réalité et j'ai passé de jolis moments près d'eux et je leur en remercie de toute mon âme. Mais dés que je me suis rapprochée de sa famille j'ai fait de nouveau la connaissance du frère jumeau de Benoît, je vous rassure tout de suite lui il n'a pas la maladie. J'ai voulu l'aider autant que j'ai pu jusqu'à même l'héberger chez moi car il avait des problèmes avec la justice. Benoît m'avait pourtant envoyé plein de signes en essayant de m'envoyer le message de ne pas m'approcher de lui. Mais ça je l'ai compris en l’hébergeant chez moi avec l'accord de ma mère bien entendu.
Une fois qu'on la hébergé je me suis aperçu que finalement cet homme-là était peut-être le jumeau de Benoît mais que lui n'avait totalement rien a voir avec lui, il avait plusieurs addictions la nourriture, le café, la cigarette, l'alcool et la drogue et pour couronner le tout par un manque total de respect envers les gens qui l'entourent.
Face à cette situation, ma mère et moi on a tenu deux mois, en vivant avec une personne qui ne pensait qu'à boire en cachette car on lui interdisait (étant donné que j'ai un père qui est alcoolique c'était très dur pour moi de retomber dans cette situation). Une personne qui consommait du cannabis très tôt le matin et toute la journée tout en fumant plus d'un paquet de cigarettes par jour.
A côté de cela cet homme était nourrit, logé et sorti de prison et de la soi-disant maltraitance... Mais cet homme malgré mon aide se permettait de m'insulter par derrière et même lors de vidéo direct sur son Facebook ou bien dans des conversations avec l'un de ses petits frères.
Face à ça j'ai perdu pied, je n'avais plus envie de me lever le matin et encore moins de rentrer chez moi quand j'étais dans le centre de rééducation.
Benoît, mon ange, tu te rends compte je devais vivre après ton envol et en plus de cela un membre de ta famille m'a profondément manqué de respect en se moquant ouvertement de moi lorsque j'ai été gravement malade, je touchais vraiment le fond et je me faisais encore plus de mal.
Au bout de deux mois, avec ma mère on a pris la décision de remettre son frère face à la justice parce que c'était son chemin de vie tout simplement. Et c'est à partir de ce moment-là que j'ai décidé que je ne laisserais plus personne me manquer de respect pour quoi que ce soit.
Mais Benoît, vraiment quelque part, j'ai envie de te remercier de m'avoir fait traverser tout ça car dans cette étape j'en ai appris sur moi mais aussi beaucoup sur toi. Quand j'ai pris la décision de faire partir ton frère je sentais du froid sur mes mains comme si tu me tenais par la main et que tu me disais "ne t'en fais pas, je suis là et tu prends une bonne décision" c'est de cette manière qu je l'ai ressenti en tout cas. Face à toutes ces étapes de deuil Benoît, j'ai pu ressentir tout ce que tu avais pu ressentir à travers tes proches, tu m'avais protégée de ta famille comme si j'étais ton jardin secret et aujourd'hui je comprends pourquoi.
Aujourd'hui je me suis éloignée de quelques membres de ta famille et je sais pertinemment que tu ne m'en veux pas car tu n'aurais pas accepté le manque de respect que j'ai dû subir et la douleur que cela a pu engendrer.
Je me souviens qu'un jour tu m'avais dit le jour où je partirai certaines personnes feront semblant de me pleurer et j'ai de la peine à l'écrire mais je confirme maintenant tu avais raison. J'ai gardé contact avec ta mère car je sais que même si tu n'étais pas forcément très proche d'elle je ressens sa souffrance et on a un lien très tendre toutes les deux.
Et depuis que j'ai pris une certaine distance avec ta famille je me sens beaucoup mieux, ça m'a permit d'accepter ce lâcher prise que j'ai maintenant et je sais que tu aurais fait le même choix à ma place car tu n'aurais pas été d'accord avec le manque de respect que j'ai reçu. Et tu me connais on ne pardonne pas les injures sur le handicap et en m'insultant moi ces gens-là t'insultent aussi à travers moi...
Tu sais mon petit ange je reçois les jugements des gens parce que je parle toujours de toi que ça soit dans la vie ou sur les réseaux sociaux certains m'ont déjà demandé de t'oublier de tourner la page et de passer à autre chose. Si tu savais comme ça me met hors de moi on oublie pas les gens qu'on aime comme si on jetait une poubelle !
Souvent on me demande de refaire ma vie et moi j'ai seulement envie de vous répondre que l'on n'a qu'une seule vie et qu'on ne peut pas refaire sa vie on peut la continuer seulement et c'est déjà beaucoup.
Depuis deux ans, je continue ma vie et même lors des jours plus difficiles je sais aujourd'hui que je ne suis jamais seule Benoît répond présent à chaque étape que se compose ma vie. Il est toujours là comme il me l'avait promit de son vivant il m'avait dit à l'âge de ses 11 ans "Je ne serai que de passage sur Terre mais je serai toujours là pour toi je serai ton étoile" Et c'est tellement ce qu'il se passe à présent, depuis son envol je me sens connectée à quelque chose d'autre que la vie, je sais maintenant que la mort n'est pas une fin en soit et que les âmes continuent d'exister. A chaque instant précieux de ma vie il m'a envoyé des signes, des signes que je suis bien la seule à savoir décoder et mon ange pardonne moi de ne pas toujours t'écouter à l'instant même mais rassure toi peu de temps après je comprends ce que tu as voulu me dire.
Avant, j'avais tendance à tout partager sur ces petits signes et aujourd'hui j'ai décider de les garder uniquement pour moi comme pour continuer de garder notre histoire pour lui et moi comme avant. Et je vous assure que même encore aujourd'hui il parvient à me faire rire ! Lui et moi nous avons gardé cette communication si particulière et même malgré son décès la communication d'âme à âme nous l'avions toujours eue. Pendant les cinq dernières années de sa vie la Sclérose en Plaques lui avait ôté sa voix et pourtant nous arrivions à communiquer encore et je savais même décrypter, l'amour dans son regard.
Benoît était passé par plusieurs états d'acceptation quand je l'ai connu je me souviens qu'il avait énormément de colère en lui et envers le monde entier. Une colère qui ne m'avait jamais imposé mais une colère qu'il avait besoin d'exprimer il était en colère contre la maladie, en colère contre la distance de ses proches et en colère car à 11 ans il se savait déjà condamné face à la mort. Mais cette colère-là n'avait absolument pas atteint son âme d'enfant c'était un garçon qui aimait profondément la vie malgré tout. Il était le cerveau de toutes les blagues ou bêtises qu'il fallait imaginer, il était toujours le premier à rire de tout, à n'avoir peur de rien à embêter pour rigoler le personnel soignant qu'il l'entourait.
C'était un bon vivant qui était satisfait de vivre les choses simples de la vie.
Au fil des années, j'avais senti que cette phase de colère s'était atténuée, il était en phase d'acceptation tout en me regardant droit dans les yeux en m'avouant que autrefois il avait tenté plusieurs fois de mettre fin à ses jours voyant la maladie tout lui retirer petit à petit. Et sans aucun jugement je me souviens de lui avoir répondu que je le comprenais totalement.
Durant ses dernières années de vie, j'ai senti qu'il savait qu'il allait bientôt s'en aller et qu'il était plus inquiet pour moi que pour lui. Au final aujourd'hui je le comprend, en partant Benoît à été libéré de ses souffrances physiques et morales car croyez-moi qu'il n'a jamais pleuré, il ne s'est jamais plaint et il faut avoir un sacré mental de tenir dans cette situation où vous ne marchez plus, vous ne pouvez plus parler, du mal à respirer et être nourrit uniquement par des sondes. Je sais que quand il est parti il a été libéré de son corps et je suis totalement soulagée de mon côté de le savoir libre aujourd'hui même s'il n'est plus là physiquement près de moi.
Aujourd'hui, de mon côté, j'ai laissé partir ma colère pour retrouver ma paix intérieure j'ai laisser place à l'apaisement et la légèreté. Je ne suis plus en colère de l'avoir perdu bien au contraire je remercie infiniment la vie de m'avoir permis de le rencontrer et d'avoir pu passer 14 ans de ma vie près d'un homme aussi exceptionnel, j'ai eu tellement de chance et je la mesure et je m'en réjouis car je sais tout sur sa vie et j'ai ressenti tout ce qu'il a traversé. Et je sais qu'il vit pleinement en moi il vivra tant que j'existerai sur cette Terre et je trouve cela tellement beau !
Et ça m'émeut chaque jour de le ressentir en moi. Je sais que même là où il vole il ne cessera jamais de me lâcher la main et c'est fort de ne jamais se sentir seule intérieurement. Je suis tellement riche de vivre maintenant car en plus de mon âme je sais pleinement qu'une âme veille constamment sur moi. J'ai seulement à la faire vivre cette âme en lui partageant ma vie en retour.
Et je sais aussi qu'en lui consacrant ces mots il sourit déjà, j'ai laissé la douleur s'en aller pour ne garder que le meilleur et tous ces moments de joies et de bonheur qu'on a partagé et dieu sait à quel point nous on avons vécu.
Je me sens encore plus vivante que n'importe qui aujourd'hui j'ai décidé de me libérée des jugements et des pensées des autres. Et c'est en me libérant de tout cela que je me suis libérer moi-même.
Aujourd'hui il y a toujours des photos de Benoît et moi dans ma chambre et je dors parfois encore avec une de ses peluches d'enfant et je me fiche de ce les gens en penseront et même si ça dérangerait certains tant que ça ne me dérange pas c'est bien le principal ! Et si j'ai envie de parler de lui et de lui écrire c'est mon droit en quand bien même je ne parlerais pas de lui je serai toujours critiquée alors aujourd'hui j'écoute simplement ce que mon cœur me dicte, j'en parle si j'en ai envie et je m'en garde le droit et j'estime être légitime de prendre ce droit-là, désormais, je vis pour moi avant toute chose.
Je sais que j'ai toujours était la conséquence du sourire de Benoît, on a été heureux ensemble donc c'est pas aujourd'hui que je me tairais.
Benoît, lors de ton départ, je m'en suis rendu malade et je m'en excuse et je me pardonne aujourd'hui d'avoir été si mal et je sais que tu m'a pardonnée depuis longtemps et c'est en se pardonnant soi-même que l'on avance. Mais que veux-tu je n'étais pas prête a te laisser partir même si je savais depuis longtemps que tu partirais avant moi. Et aujourd'hui à mon tour, je suis dans l'acceptation de cette situation. Ton départ m'a fait comprendre qu'il fallait que je vive pour moi avant toute chose et qu'il fallait que je me retrouve.
Tu m'as fait apprendre qu'il était important que j'apprenne à me faire respecter et à ne plus me laisser faire. Tu m'as fais comprendre qu'une autre vision de la vie existe et qu'il est rare d'en avoir conscience. Tu m'as appris que la colère ne réglait en rien les choses et que je ne pouvais pas aider quelqu'un qui n'était pas prêt à recevoir de l'aide. Tu m'as fais comprendre que le détachement des gens est important pour pouvoir se reconstruire. Tu m'a fais prendre conscience qu'il ne fallait changer pour personne d'autre que soi-même. Grâce à toi je suis devenue une meilleure version de moi-même et que la mort ne coupe en rien le lien qui nous à toujours unis.
Ton absence laisse toujours un vide et le manque ne peut se combler mais j'ai confiance et je sais que tu restes mon guide et mon instant de paix et de me laisser le droit de nous aimer encore comme nous nous sommes tant aimés...
Où que tu sois, mon ange, je t'aime plus haut que le ciel !
Anaïs...
Ton texte est très émouvant. Bises
RépondreSupprimerTrès beau texte. Merci à toi, de te livrer à nous ainsi. Belle vie à toi :)
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RépondreSupprimerTrès beau texte .un conseil laisse toi le temps de guérir.tu es forte .kiss
Très beau texte émouvant et très touchant.
RépondreSupprimerOn ne peut pas effacer 14 ans de vie comme ça et que c'est difficile de refaire ça vie après mais tu es une battante et je suis sur que tu va y arriver.